Chasseur ou gardien de troupeau?

chasseur BochimanS’il convient sans doute de se tourner vers l’avenir, l’histoire peut aussi se révéler bonne conseillère. A ce titre, l’histoire des Bochimans du désert de Kalahari, ce peuple ancestral, peut être riche d’enseignements pour nos organisations, encore aujourd’hui.

David K. Hurst, consultant, auteur et conférencier a, dans ses conférences souvent conté l’histoire des Bochimans pour la comparer à l’évolution des organisations. Même si ces conférences datent un peu, elles restent à mon avis d’actualité.

Les Bochimans sont un peuple indigène du Sud de l’Afrique. Ils vivent dans le désert du Kalahari, une des contrées les plus inhospitalières du monde, comme nous vivions il y a 10 000 ans. Ils se définissent comme « ceux qui suivent l’éclair », en se déplaçant en fonction des pluies pour se nourrir de fruits, de racines et de gibier.

Ce sont des nomades du désert qui vivent de la chasse et de la cueillette depuis des milliers d’années. Pourtant, au cours des 40 à 50  dernières années, ils ont beaucoup changé et ces changements menacent même leur survie. Ils se sont sédentarisés, à la lisière du désert et ont commencé à vivre de l’élevage. 

L’histoire des Bochimans est aussi notre histoire

Est-ce aussi celle de nos organisations ?

Quand ils chassent, les Bochimans se déplacent en bandes, en équipes flexibles qui quadrillent le désert. Ces équipes d’une quinzaine de membres se déplacent très rapidement. Les prises d’une équipe sont partagées avec  toute la tribu. La récompense est collective. Il n’y a pas de hiérarchie, le leadership dépend des circonstances et des compétences. Les décisions sont prises collectivement, hommes et femmes ensemble.

Les Bochimans sont aussi d’excellents communicants. Leur campement est disposé en cercle, les huttes sont ouvertes vers le centre du cercle. Tout le monde se voit et peut se parler à tout moment. Les Bochimans passent beaucoup de temps à parler et à échanger. Par exemple, les hommes échangent leurs idées pour trouver du gibier.  Ils vivent dans un dialogue permanent et savent toujours où en est le groupe.

Leurs conversations portent aussi  sur les grands mythes autour du désert, leur rôle dans cet environnement, le sens de leur existence.

Le changement depuis 40 ans : la sédentarisation

Cette société a beaucoup changé avec ce mouvement de sédentarisation.

La disposition du campement a changé. Certes, il est beaucoup plus grand. Il y a plus de huttes mais elles sont éparpillées, sont parfois clôturées. Les huttes ne se font plus face. Les fours qui se trouvaient autrefois à l’extérieur sont désormais dans les huttes.

Ils ne se parlent plus.  Ils ont commencé à posséder, concept inexistant auparavant et à cacher leurs possessions alors qu’ils partageaient tout. Ils ne prennent plus leurs décisions collectivement mais attendent celles du chef.

On voit apparaître chez les enfants des signes de malnutrition.

David K. Hurst distingue les deux cultures, celle du chasseur et celle du gardien de troupeau, ce qui n’est pas sans rappeler des cultures d’entreprises distinctes.

Chasseur

Gardien

Ouverture

Intimité

Partage

Leadership situationnel

Culture intégrée

Isolement

Cloisonnement

Possession

Leadership hiérarchique

Culture morcelée

Cette histoire est aussi celle de nos organisations

En effet, certaines organisations, après avoir connu le succès,  perdent leur capacité de réaction à cause d’une hiérarchisation et d’un cloisonnement excessifs.

Le partage des connaissances, le développement de la polyvalence et des capacités d’adaptation, la capacité à redonner du sens  sont aujourd’hui des leviers essentiels dans notre monde d’incertitudes.

Qu’en pensez-vous?

 

Chasseurs Bochimans dans le désert de Kalahari

 

D’après la vidéo « Gérer le savoir, le défi du XXIème siècle » – Groupe Innovation

Stéphane Loizeau, le 21 mai 2013.

www.stimul-conseil.fr

Un commentaire

  1. L’étude des écosystèmes aussi s’avère intéressante pour une possible amélioration de nos modèles :

    => économiques

    Identification des opportunités liées à la bio-inspiration, au biomimétisme, à l’économie circulaire, à l’écologie industrielle…,

    => management

    exploitation de l’intelligence collective pour établir une vision commune de l’avenir en stimulant l’esprit d’initiative et les capacités de prospective

    :-)

    A+

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